La renouée du Japon à la conquête du monde (et de mon jardin)

Renouée du Japon envahissant les bords de Seine

Je suis généralement attentive à ce qui pousse dans mon jardin car il est toujours plus facile d’intervenir sur une jeune pousse plutôt que de devoir extraire de grosses racines. Alors comment expliquer que la renouée du Japon ait si vite envahi mes plates-bandes ? 

Voici venu le temps des aveux :  j’avais peut-être remarqué sa présence, et pire encore, je l’avais peut-être même trouvée jolie. Ses feuilles ovoïdes très graphiques, son port majestueux… j’avoue m’être laissée séduire. Séduire jusqu’à la floraison. Car ses fleurs étaient belles elles aussi… mais tout de même, comme cette plante poussait vite et comme elle gagnait du terrain ! 

J’ai cependant été intriguée par cette expansion rapide et ai finalement lancé une recherche d’identification sur PlantNet.

Malheur : la renouée du Japon avait envahi mes terres 😫

Un peu d’histoire….

Franz Von Siebold, Stamps By Gunter Jacki, 1996 Stamps Of Germany

 

Reynoutria japonica, aussi nommée Fallopia japonica, a été importée en Europe et aux Etats-Unis au 19e siècle par Philip von SIEBOLT, médecin et biologiste bavarois de la Compagnie hollandaise des Indes en poste au Japon.

Cet Allemand, passionné par la faune et la flore nippone, a notamment fait découvrir aux européens la salamandre géante du Japon, dont il a pu ramener un spécimen vivant. Il s’intéressait également beaucoup aux hortensias et a été une figure importante au Japon. 

La renouée du Japon, aux qualités ornementales remarquables, fut alors rapportée et introduite dans le catalogue de vente de cette société hollandaise en 1848. Cette exotique devint alors une plante très courtisée grâce à la beauté de son feuillage et ses inflorescences parfumées. Cependant, son prix de vente, d’abord très élevé, fut fortement déprécié en quelques années, pour une raison toute simple : il était très facile de la multiplier.

Ce qu’on ignorait alors ….

À cette époque, on ignorait que cette plante bénéficierait de conditions très favorables à son expansion dans son territoire d’introduction. À savoir :

  • Pas (ou quasiment pas) d’espèces herbivores qui pourraient s’en nourrir, 
  • Des conditions abiotiques favorables (lumière, température, humidité de l’air, composition chimique de l’eau, etc),
  • Pas de concurrence,
  • Et désormais une activité industrielle favorable à cette plante.

Aujourd’hui, à l’échelle du globe, la renouée du Japon est classée parmi les 100 espèces les plus préoccupantes (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Qu’est-ce qu’une plante invasive ?

C’est une espèce exotique, importée généralement pour sa valeur ornementale ou son intérêt économique qui, par sa prolifération, transforme et dégrade les milieux naturels de manière plus ou moins irréversible.

Les espèces envahissantes ne sont pas forcément des espèces invasives. Certaines espèces indigènes, comme le roseau par exemple, deviennent parfois envahissantes. Ce ne sont pas pour autant des plantes invasives. Le terme « invasives » est réservé aux plantes exotiques qui causent de graves atteintes aux milieux naturels locaux ou à la santé humaine.

La renouée : invasive ou envahissante ?

La Renouée du Japon colonise les berges des ruisseaux et les milieux humides au détriment des espèces locales.

Sur les bords de Seine, entre Carrières-sur-Seine et Croissy, la renouée envahit les berges (voir photos).

Renouée
Renouée

La guerre ou la paix ?

Si le sujet des plantes invasives vous intéresse, vous vous vous documenterez davantage. Et peut-être découvrirez au fil de vos lectures des points de vue divergents, voire  fantaisistes. Quand les uns qualifient la renouée de peste, d’autres vantent ses bienfaits et affichent une posture de défenseur vis-à-vis de la mal-aimée. 

On ne peut pas savoir aujourd’hui jusqu’où ira la renouée du Japon dans sa conquête du monde, et si son expansion se limitera. Cependant, l’espace occupé par cette espèce ne peut plus l’être par une autre, ce qui occasionne la disparition d’espèces indigènes. Plus particulièrement, la renouée du Japon se plaît en zone humide et met ainsi en péril la biodiversité si exceptionnelle de ces lieux. 

Il est donc de mon point de vue tout à fait nécessaire de limiter au maximum son expansion.

Concrètement, comment fait-on ?

Si la renouée a envahi votre jardin ne tardez pas à mettre en place une stratégie pour la contrer.

Cette stratégie peut reposer sur plusieurs méthodes :

L’arrachage : au printemps, tirez sur la tige récemment sortie. Les tiges ne doivent pas être laissées sur place, sinon, il y a un risque élevé qu’elles bouturent. Il faut donc les évacuer et les incinérer. Cette technique est à réserver aux zones récemment infectées et sur les jeunes plants. Si le rhizome est trop implanté, il y a risque de le fragmenter, et d’aggraver la situation.  

Le fauchage répété : cette méthode a pour but d’épuiser la plante. Le principe est simple : les feuilles sont pour les plantes des sortes de capteurs solaires qui fournissent l’énergie nécessaire pour synthétiser les composés utiles à son développement. Ceux-ci sont produits pendant la saison de végétation et sont stockés dans les tiges souterraines. Dès l’automne, ils sont consommés lors de la croissance de nouveaux rhizomes qui porteront l’année suivante, à quelque distance du pied-mère, de nouvelles tiges aériennes feuillées. Lorsque ces capteurs (les feuilles) sont détruits au fur et à mesure de leur apparition, le clone n’a plus la capacité de produire les composés nécessaires à son développement végétatif de l’année suivante. 

La couverture du sol : cette méthode est complémentaire de l’arrachage ou du fauchage. La couverture a un triple effet : échauffer le sol, étouffer les plantes et intercepter la lumière. Elle n’est évidemment utilisable que pour les petites surfaces, et doit être bien maintenue au sol pendant plusieurs années. 

La couverture du sol

Esthétiquement parlant, la bâche n’est pas ce que je préfère, loin de là. 

Mais voyez ce qui se passe : la renouée essaie malgré tout de trouver son chemin et de faire route 🤔

Bâche

Pour conclure

Et si on gardait espoir ? Parmi les moyens de lutte contre l’espèce, l’une d’elles offre de bons résultats. Cette méthode utilise la « chèvre des fossés » ou « chèvre des talus » pour pâturer sur les espaces envahis. Cette race de chèvre qui produit pourtant peu de lait, pourrait malgré tout voir ses effectifs remonter.

Je vous recommande cette lecture : https://blog.defi-ecologique.com/renouee-du-japon/


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